Coup de théâtre. Alors que les 240 salariés de Biogaran retenaient leur souffle depuis plusieurs semaines, persuadés que la cession de leur entreprise était imminente, la direction de leur maison-mère Servier vient de se raviser. Dans un courrier adressé aux salariés, Olivier Laureau, président de Servier, a annoncé avoir mis fin aux discussions avec les « investisseurs internationaux » qui avaient « émis des marques d’intérêt ». On sait qu’au printemps dernier, deux génériqueurs indiens, Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo, avaient remis des offres fermes de rachat, ce qui n’avait pas manqué d’émouvoir le milieu politique qui, du ministre de l’Industrie Roland Lescure au Rassemblement National en passant par Les Républicains, avaient publiquement affirmé leur opposition à la cession de la plus importante marque française de génériques à un opérateur extra-européen.
En s’attaquant à un symbole – discutable – de la souveraineté sanitaire française, on s’attaquait à la Patrie ! Une offre alternative avait alors émergé avec le soutien du gouvernement : elle associait le fonds d’investissement britannique BC Partners à Bpifrance. Mais Servier « n’aurait pas apprécié que l’on essaie de lui tordre le bras », nous indique une source proche du dossier. Olivier Laureau reconnaît d’ailleurs dans sa déclaration qu’au-delà de l’insuffisante création de valeur proposée par les potentiels acquéreurs, « les incertitudes politiques et réglementaires ont pesé sur ces marques d’intérêt ».
Pour autant, le dossier ne semble pas totalement clos. « Nous pourrons initier de nouvelles revues stratégiques à l’avenir », prévient Olivier Laureau qui, à l’instar de Sanofi, empêtré dans le projet de cession de sa santé grand public, cherche à se défaire d’activités jugées non stratégiques afin de financer son grand virage vers l’oncologie.