« Ce n’est pas difficile, nous croulons sous les commandes ! » : Comme le souligne Philippe Mougin, le président du sous-traitant pharmaceutique français Cenexi, la crise sanitaire a fait exploser la demande de médicaments sensibles comme le midazolam, un produit aux puissantes propriétés anesthésiques utilisé notamment par les services de réanimation. Les besoins de cette benzodiazépine connaissent ainsi une croissance… à trois chiffres.
Les commandes d’un second anxiolytique, le lorazépam – plus connu sous son nom de marque Temesta – sont, quant à elles, « en hausse de 30 à 40 % », estime pour sa part le président de Synerlab Bruce Vielle, qui constate aussi une très forte progression de la demande d’antibiotiques. Grâce à la mise en œuvre de plans de continuité d’activité, la mobilisation des équipes de production et le respect strict des mesures de protection du personnel, les façonniers pharmaceutiques répondent sans trembler à cet immense défi. « Mais pour faire face à cet afflux, nous devrions plutôt tourner à 120 % de nos capacités plutôt qu’à notre niveau actuel de 70 ou 80 % », soupire Philippe Mougin.
« Nos niveaux d’exploitation diffèrent selon les sites, mais nous parvenons à maintenir la disponibilité de 70 à 80 % de notre capacité productive », confirme Bruce Vielle. Heureusement, les principales usines de Synerlab (Pharmaster et BTT), pourtant situées au sud de Strasbourg, non loin du cluster primitif de la pandémie, n’ont pas eu trop à souffrir de l’absentéisme des opérateurs, « ce qui n’est pas le cas de notre usine de Madrid, Alcala Farma, que nous avons dû provisoirement fermer » : cette unité de quelque 300 salariés produit aussi bien des gélules et des capsules que des lyophilisés.
L’autre sujet critique est celui de la gestion des stocks de matières premières et d’API qui ont tendance à se raréfier, compte tenu des tensions s’exerçant sur la supply chain. Mais les sous-traitants ont été, en règle générale, prévoyants. « Ce n’est pas un souci majeur à ce stade puisque, selon les produits, nous disposons de trois à quatre mois de stocks », reprend Bruce Vielle. Même tonalité chez le sous-traitant marseillais Laphal Industries où le directeur général Daniel Note peut s’appuyer sur plusieurs semaines de stocks qui devraient être renouvelés, selon lui, sans trop de problème. « Nous rencontrons plutôt des difficultés pour certains types de conditionnement, notamment les flacons », explique-t-il.