La rumeur courrait depuis plusieurs semaines mais elle a pris davantage d’épaisseur ces derniers jours. Biogaran (750 M€ de CA, 240 salariés), la filiale génériques sur le marché français de Servier, pourrait être cédée à un génériqueur indien, a affirmé le quotidien Les Echos. Selon plusieurs sources sollicitées par actulabo, quatre opérateurs auraient déposé des offres, notamment le fonds d’investissement BC Partners et un tandem composé d’un autre fonds, allié à un industriel produisant en France. Mais cette proposition, très séduisante du point de vue de la souveraineté industrielle, est sévèrement challengée par les offres concurrentes de deux génériqueurs indiens, Torrent Pharmaceuticals et Aurobindo. Selon nos sources, Torrent Pharmaceuticals aurait un léger avantage sur ses concurrents.
L’éventualité d’une reprise par un génériqueur indien engendre naturellement de fortes inquiétudes chez les différents sous-traitants français et européens de Biogaran. Il ne fait en effet guère de doute que la reprise par un opérateur du sous-continent entraînerait le transfert des contrats de manufacturing vers les usines des deux indiens ou de façonniers locaux mieux-disant. Rappelons que Biogaran, qui commercialise 350 millions de boîtes par an, ne s’adosse à aucune capacité de production en propre : 90 % de ses volumes sont fabriqués en Europe par des CDMOs, dont 50 % en France. A Bercy, on indique que « le dossier est suivi », tout en refusant de livrer des commentaires supplémentaires. Chez Servier, un porte-parole nous confirme que, à ce jour, « aucune décision n’est prise ».
Torrent Pharmaceuticals, qui a bouclé l’exercice 2023 sur un CA d’un peu plus de 1 Md€ – réalisé pour une grosse moitié en Inde – est présent dans une cinquantaine de pays, dont l’Allemagne après l’acquisition en 2005 d’Heumann, une filiale de Pfizer. Aurobindo, beaucoup plus internationalisé que son compatriote (89 % de ses ventes, dont près de la moitié aux Etats-Unis), devrait assez largement dépasser les 3 Md€ de CA sur l’exercice clôturé fin mars : sa filiale française est Laboratoire Arrow, basé à Lyon, qui publie un CA de 283 M€ sur l’exercice 2022-2023.
