Les difficultés rencontrées dans l’inclusion des 3 200 patients de l’essai clinique européen Discovery, qui doit évaluer l’efficacité de plusieurs traitements contre les infections provoquées par le Covid-19, sont-elles en passe de compromettre ce programme de recherche aux résultats très attendus ? À ce jour, seule la France est parvenue à atteindre ses objectifs d’inclusion avec 740 patients enrôlés, les autres pays européens partenaires, comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, ayant tous échoué dans leurs tentatives de recrutement, officiellement « pour des raisons réglementaires ». Hormis la France, un seul pays y est parvenu, le Luxembourg, qui a enrôlé… un unique patient ! Selon le président de l’AFCROs Denis Comet (ci-dessus), « il y a bien sûr un risque. Si les signaux restitués par les différents bras de Discovery ne sont pas assez signifiants, on aura un problème de puissance ! Les cliniciens auront du mal à conclure et on ira vers un échec ».
« On ne peut pas encore parler de ratage, a estimé Denis Comet lors du troisième point presse hebdomaire organisé aujourd’hui par les entreprises de la recherche clinique. Mais ces retards à l’allumage démontrent plusieurs choses. D’une part, il est très difficile de s’adosser à des budgets nationaux pour ce type d’études. Il faut s’appuyer sur une seule enveloppe budgétaire dédiée et suffisamment dotée. Ensuite, les CROs associées n’apportent qu’un soutien technique et ne jouent pas de rôle de coordination. L’Inserm fait ce qu’il peut, mais la conduite des grands essais internationaux exige la maîtrise d’un savoir-faire très spécifique. Et c’est bien l’une des compétences des organismes privés. Je pense que cette crise démontre définitivement que nous avons besoin d’un Airbus de la recherche clinique. »