Les big pharmas tentent de s’affranchir de leur excessive dépendance vis-à-vis des fournisseurs d’API originaires du sud-est asiatique : une dépendance qui a pris une tournure critique depuis l’épidémie de coronavirus. S’inscrivant dans cette perspective, Sanofi annonce ce jour la création d’une spin-off regroupant les activités commerciales, le développement et la production d’intermédiaires et de principes actifs aujourd’hui logés au sein du groupe ; cette unité, au capital de laquelle la big pharma tricolore ne conservera qu’une participation de 30 %, précise Philippe Luscan, le VP du groupe en charge des opérations industrielles, rassemblera sous sa bannière les usines de Francfort (Allemagne), de Brindisi (Italie), d’Haverhill (Royaume-Uni), d’Upjest (Hongrie), ainsi que celles de Vertolaye (63) et de St-Aubin-lès-Elbeuf (76).
L’ensemble, qui produit pour les besoins du groupe ainsi que, dans une moindre mesure, pour des laboratoires tiers, emploie 3 200 salariés et « devrait réaliser un CA d’environ 1 Md€ en 2022 », estime Philippe Luscan. Selon lui, la nouvelle entité, plus agile et libérée de certaines contraintes financières, sera en capacité « de capturer les capacités générées par un marché en croissance de 6 % par an ». Sanofi prévoit également de sécuriser l’exploitation via la signature d’un contrat d’approvisionnement de cinq ans. Les syndicats, et notamment la CGT, ont une tout autre lecture de cette initiative. Ils dénoncent « un désengagement industriel que la direction tente de justifier en instrumentalisant les thématiques de la souveraineté sanitaire. Si la société voulait d’abord sécuriser ses approvisionnements, elle ferait mieux de conserver ses capacités en interne ».