Le laboratoire clermontois Théa, leader européen de l’ophtalmologie (hors marché de la rétine) avec un CA de 600 M€ en 2019, a pâti de la crise sanitaire. « Nous allons stagner en 2020, alors que notre plan d’affaires prévoyait une croissance de 5 % », nous confirme son président Jean-Frédéric Chibret. La faute en revient notamment à l’arrêt brutal de certaines interventions chirurgicales – comme celles de la cataracte – qui constituaient les principaux moteurs de l’activité. Pour autant, Théa (1 500 salariés, dont 474 en France) « devrait renouer avec la croissance dès l’exercice 2021, sans doute aux alentours de 5 % ». Pour atteindre cet objectif, le laboratoire mise principalement sur le marché américain qui constitue encore une terre vierge. Une filiale commerciale a été créée l’an passé à Boston afin de commercialiser l’ensemble de la gamme soumise à prescription. Mais Théa compte aussi sur le laboratoire suisse Similasan, au capital duquel il a pris une participation minoritaire qui est appelée à devenir majoritaire dans un délai de deux ans. Spécialisé dans les produits OTC, Similasan réalise déjà un CA de 40 M$ outre-Atlantique.
« Le second pilier de notre croissance, c’est l’innovation. Nous avons créé l’an passé Théa Open Innovation. Cette structure a déjà noué des partenariats très prometteurs avec l’université de Saint-Etienne dans un projet de conservation des greffons de la cornée et avec Biocorp dans les dispositifs connectés », reprend le président de Théa qui, chaque année, consacre 50 M€ dans le R&D et peut s’appuyer à ce jour sur un pipe assez garni avec deux produits en phase III. Sur le plan industriel, le groupe, qui n’exploite en propre que deux usines à Milan et à la Rochelle, entend préserver un modèle fondé sur le recours à la sous-traitance : « Nous travaillons dans toutes nos spécialités galéniques avec les meilleurs façonniers, comme Excelvision (groupe Fareva, NDLR), Unither et Delpharm : 100 % de nos produits sont fabriqués en Europe et 70 % en France. »