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Vaccin Covid-19 : ne pas confondre vitesse et précipitation

Le 2 février, le président de la République a réuni par visio-conférence les principaux dirigeants des CDMOs tricolores. Le but était de faire le point sur la livraison des vaccins Covid-19, notamment ceux à ARNm.
Les dirigeants de Recipharm ont assuré au chef de l’État qu’ils seraient en mesure de démarrer au mois d’avril la production du vaccin de Moderna Therapeutics sur leur site de Monts (37). Mais il sera compliqué de tenir une cadence mensuelle de 2 millions de flacons dès le début du printemps, la mise au point de lignes de production déjà anciennes demandant beaucoup de temps. L’usine madrilène de l’espagnol Rovi, autre fournisseur de Moderna, serait d’ailleurs en butte au même problème.
À l’instar de Recipharm, des industriels ont eu « tendance à surestimer leurs forces », estime l’un des invités au rendez-vous jupitérien. Il est vrai que la pression pesant sur les donneurs d’ordre est à son comble et qu’ils n’hésitent pas à se défausser sur leurs sous-traitants. Les dirigeants d’AstraZeneca ont ainsi évoqué « les problèmes industriels » rencontrés par Novasep à Seneffe, site qui vient d’être vendu à Thermo Fisher ; la CDMO française avait remporté au mois de juin le contrat de fabrication de la substance active du vaccin mis au point par la big pharma britannique et l’université d’Oxford.
Du côté de Delpharm, qui va conditionner le vaccin Pfizer-BioNTech à St-Rémy-sur-Avre (28), on affirme pouvoir, « sauf aléas », être en mesure de produire mensuellement, et cela dès le mois d’avril, entre 1 et 2 millions de flacons de 5 – ou 6 – doses. Cette fabrication sera assurée « sans effet d’éviction sur nos autres fabrications. Nous devons répondre présent à ce rendez-vous sanitaire, mais aussi continuer à délivrer les produits courants, souvent d’intérêt thérapeutique majeur, à nos clients… et aux patients », précise son directeur commercial Stéphane Lepeu.
Fareva, choisi par Curevac pour les opérations de fill & finish du candidat CVnCoV, mettra à sa disposition deux lignes de production, l’une à Idron (64) et l’autre au Val-de-Reuil (27), grâce au transfert de la production de diluants utilisés dans les préparations vaccinales sur le site d’Amboise (37). Mieux. Si nécessaire, une ligne supplémentaire pourrait être dédiée au vaccin à Riom (63). La production à Val-de-Reuil pourrait débuter fin mai et atteindre « progressivement, mais seulement au bout de deux à trois mois, une cadence mensuelle de 2 millions de flacons, chaque unité contenant 20 doses vaccinales ».
Le défi industriel est de taille et il aura fallu, depuis le début de l’aventure, franchir des gaps technologiques colossaux. « De façon générale, pour mettre au point un vaccin, de la conception jusqu’à la production commerciale, il faut en moyenne sept à huit ans. Dans le cas du Covid-19, l’industrie a mis… sept à huit mois à l’issue d’une mobilisation collective sans précédent », résume Claire Roger, la présidente du comité vaccins du Leem. Mais certains ne cachent pas leur inquiétude : « Les vaccins sont des produits exposés à un risque de forte variabilité. L’empressement à produire, le sujet de la délimitation exacte des doses et de la fameuse sixième unité vaccinale du vaccin Pfizer-BioNtech peut conduire à ce que l’on injecte une quantité insuffisante de préparation. Le danger, c’est que certains patients se croient immunisés… et qu’ils ne le soient pas ».

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