Selon un document de travail publié par erreur sur le site de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le remdésivir de Gilead Sciences n’aurait pas atteint les objectifs assignés par une étude chinoise portant sur 237 patients Covid-19 développant des symptômes sévères. Toujours d’après ce document, le médicament n’aurait pas réussi à améliorer significativement l’état de santé des patients et même échoué à réduire leur charge virale. L’OMS a immédiatement retiré la publication en indiquant attendre les résultats finaux et les commentaires des cliniciens. Cet incident survient après la présentation de résultats partiels, cette fois plutôt positifs, d’une étude pilotée par des chercheurs de l’université de Chicago.
De son côté, la fameuse hydroxychloroquine n’en finit pas de susciter la polémique tandis que les informations contradictoires se succèdent sur son efficacité et les effets indésirables qu’elle pourrait induire. Une toute récente étude réalisée aux États-Unis auprès de 368 patients Covid-19 du réseau hospitalier des Vétérans – l’équivalent de nos anciens combattants – aurait ainsi produit des résultats décevants. Ses auteurs ont notamment indiqué à CNN qu’aucune preuve n’avait pu être produite « que l’utilisation de l’hydroxychloroquine, avec ou sans azithromycine, ait réduit le risque d’être placé sous respirateur ». Plus troublant, la proportion des patients qui n’ont pas survécu s’est révélée plus importante (28 %) dans le groupe traité à l’hydroxychloroquine seule que dans celui n’ayant reçu aucun traitement (11 %). « Fake news » a immédiatement répliqué l’infectiologue marseillais Didier Raoult, en dénonçant dans un tweet rageur les multiples biais qui compromettent, selon lui, la crédibilité de cette étude à charge : « Les patients traités étaient déjà dans un état critique et atteints de lymphopénie. Étude frauduleuse… »
Ce n’est pas du tout l’avis de Rick Bright, qui vient d’être débarqué de la direction du Barda (Biomedical Advanced Research Development Authority), un organisme dépendant du département américain de la Santé. Ce spécialiste des maladies infectieuses accuse l’administration Trump – sans toutefois citer nommément le président des États-Unis – de l’avoir contraint à promouvoir l’hydroxychloroquine, « un médicament qui peut entraîner des effets secondaires graves », et dénonce les pressions politiques qu’il a subies ; il demande d’ailleurs à l’inspecteur général de l’équivalent de notre ministère des Solidarités et de la Santé (Department of Health and Human Services) d’enquêter sur la façon dont l’administration a politisé le travail de la Barda pour financer « des entreprises ayant des relations politiques ». C’est semble-t-il sous la pression politique que la FDA a accordé le 28 mars une autorisation d’utilisation d’urgence ou EUA (Emergency Use Authorization) au sulfate d’hydroxychloroquine extrait du stock stratégique national (Strategic National Stockpile) pour un usage « non approuvé » contre le Covid-19.
La même FDA a toutefois mis en garde contre une utilisation de l’hydroxychloroquine en dehors de l’hôpital ou d’un essai clinique, indiquant que l’antipaludéen, comme d’ailleurs la chloroquine, pouvait entraîner « des rythmes cardiaques anormaux, tels qu’une tachycardie ventriculaire ». Abondant dans le même sens, deux chercheurs de l’université de New York ont rapporté récemment dans Nature Medicine que sur 84 patients Covid-19 traités avec une combinaison d’hydroxychloroquine et de l’antibiotique azithromycine, 9 avaient eu des modifications de l’intervalle QT qui les exposaient à des risques graves d’arythmie cardiaque ou de décès.