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Covid-19 : données divergentes pour les deux inhibiteurs de l’IL-6

Les deux inhibiteurs de l’interleukine 6 (IL-6) actuellement évalués pour maîtriser « l’orage citokinique » qui touche les patients Covid-19 les plus sévèrement atteints connaissent des parcours cliniques manifestement divergents. L’enthousiasme prévaut du côté de l’AP-HP, qui a annoncé hier de premiers résultats encourageants pour l’étude randomisée CORIMUNO-TOCI qui teste l’anticorps tocilizumab sur 129 patients hospitalisés pour une pneumonie moyenne ou sévère ne nécessitant pas de réanimation au moment de l’admission ; il contraste avec la retenue, teintée de désappointement, affichée par Regeneron et Sanofi après les données issues de l’étude de phase II/III évaluant Kevzara (sarilumab) sur des patients américains.
Selon l’AP-HP, qui n’a pas fourni d’autres précisions, le bras de 65 patients recevant tocilizumab (commercialisé sous le nom de marque Actemra par Roche) a, en effet, enregistré « significativement » moins de décès et de besoin de ventilation – mécanique ou invasive – que le bras de 64 patients recevant seulement le traitement habituel.
En face, l’autre anti-IL-6 sarilumab apparaît moins efficace. A tel point que le comité indépendant chargé du suivi de l’étude pilotée par Regeneron a recommandé la poursuite des essais seulement pour ceux des patients présentant les formes les plus « critiques » du Covid-19.
La phase II comparant Kevzara en forte dose (400 mg), faible dose (200 mg) ou sous placebo qui a été menée sur 457 patients hospitalisés présentant respectivement une défaillance respiratoire « sévère » avec supplémentation d’oxygène (28 % des patients), une forme « critique » (49 % des patients) – c’est-à-dire nécessitant une ventilation mécanique, de l’oxygène à haut débit ou des soins intensifs – et une défaillance multiviscérale (23 %), a conclu à une tendance négative pour le groupe de patients « sévères », contrebalancée par une tendance positive pour ceux du groupe « critique » : l’essai a montré que le critère d’évaluation principal, à savoir la réduction du taux de protéine C-réactive – un marqueur des réactions inflammatoires –, était atteint en phase « critique » chez 79 % des patients traités par Kevzara 400 mg, 77 % de ceux traités par Kevzara 200 mg contre 21 % seulement sous placebo. Dans ce même groupe « critique », le traitement par Kevzara 400 mg a réduit le nombre de décès à 32 % des patients, avec amélioration clinique pour 59 % d’entre eux, contre 54 % de décès et 41 % d’amélioration clinique dans le groupe placebo.
En revanche, les tendances négatives observées en phase II pour les patients du groupe « sévère » ne se sont pas reproduites en phase III, les résultats cliniques étant équilibrés pour tous les groupes de traitement. Les résultats de cette phase III, qui a déjà inclus 600 patients, seront connus au mois de juin. Rappelons que le recrutement de 400 patients Covid-19 est en cours pour un second essai clinique réalisé cette fois hors États-Unis.  
Commentant les résultats, George D. Yancopoulous, co-fondateur, président et CSO de Regeneron, a rappelé sobrement « combien il est difficile de prendre des décisions sur l’utilisation de médicaments existants sur la base d’études non contrôlées avec des échantillons de petite taille », reconnaissant que Kevzara « ne ressemblait pas à la panacée magique que tout le monde aurait voulu pour la pandémie ».

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