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Neuville-sur-Saône aura coûté un pognon de dengue à Sanofi

Tout juste un mois après les déclarations hasardeuses de Paul Hudson sur ses préférences commerciales, Sanofi avait déployé une véritable opération de séduction pour accueillir le chef de l’État, le 16 juin à Marcy-l’Étoile, près de Lyon. Et montrer à Emmanuel Macron que la big pharma française était, pour calembouriser cette expression qu’il affectionne, capable de dépenser « un pognon de dengue » pour soutenir ses projets industriels. En effet, onze ans après avoir engagé à Neuville-sur-Saône (69) un programme d’investissement de 350 M€ pour reconvertir un ancien site de chimie fine en unité ultra-moderne destinée à fournir annuellement 100 millions de doses du vaccin contre la dengue Dengvaxia, Sanofi remet le couvert.
Le laboratoire français a profité de la visite présidentielle pour annoncer qu’il allait dépenser 490 M€ supplémentaires sur cinq ans afin de construire une Evolutive Vaccine Facility (EVF) sur ce même site de Neuville-sur-Saône. Après le cuisant échec commercial de son vaccin contre la dengue, Sanofi Pasteur sous-utilise les installations de la périphérie lyonnaise et n’y emploie plus que 175 personnes, un chiffre très en-deçà des prévisions. L’unité, qui produit encore une petite quantité de Dengvaxia et héberge un service de contrôle qualité, accueillera prochainement la production d’un nouveau vaccin antirabique (Verorabvax), actuellement en phase III : une vingtaine de salariés, en provenance du site voisin de Marcy-l’Étoile, devraient être transférés à Neuville.
Avec la construction de cette EVF, annoncée comme « une usine d’un nouveau type conçue autour d’une unité centrale hébergeant plusieurs modules de production totalement digitalisés qui permettront de produire trois ou quatre vaccins simultanément, contre un seul dans les sites industriels actuels », Sanofi ne met plus ses œufs dans le même panier. Les leçons d’une usine dédiée au seul Dengvaxia ont été retenues.
Si on peut imaginer que l’hypothétique vaccin contre la Covid-19 – s’il franchit les étapes cliniques et réglementaires – sera produit sur les bords de Saône, d’autres préparations vaccinales contre les maladies émergentes et les risques pandémiques y sont, en effet, attendues : au total, le laboratoire dirigé par Paul Hudson transfèrera à Neuville 150 emplois en provenance de Marcy-l’Étoile, qui compte quelque 3 500 salariés et un volant de 1 500 prestataires extérieurs, pour créer sur place « seulement » une cinquantaine de postes supplémentaires.
La recherche et le développement des futurs blockbusters vaccinaux seront conduits sur le site Sanofi Pasteur de Marcy-l’Étoile, où 120 M€ vont être injectés dans « un complexe ultra-moderne et digital (qui) abritera des laboratoires de biosécurité de niveau de confinement 3 (BSL3) ». Il est à noter que cet investissement, présenté comme une nouveauté au président de la République, était en fait programmé depuis six mois.

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