La tension monte de plusieurs crans chez Sanofi. Suite aux récentes annonces de la direction portant sur la suppression de 1 680 postes, dont un bon millier en France, 33 députés viennent d’interpeller le gouvernement dans un courrier qui qualifie ce plan « d’indécent et d’inacceptable », surtout, écrivent-ils, si on le place « en regard du 1,5 Md€ de crédits d’impôts dont elle (l’entreprise, NDLR) a bénéficié depuis dix ans ». Afin de soutenir cette initiative, la CGT organisait le mercredi 8 juillet une manifestation rue de l’Université, à proximité de l’Assemblée nationale.
Dans le même temps, plusieurs comités d’entreprises se sont tenus ces dernières heures, notamment celui de Sanofi Winthrop Industrie (SWI) ; ils ont donné du crédit à l’hypothèse d’un prochain désengagement industriel. Les représentants du personnel n’ont pas manqué d’observer que l’usine de Compiègne n’était pas citée dans la feuille de route stratégique à trois ans qui a été présentée aux membres du comité SWI. « C’est logique, nous indique Thierry Bodin, le coordinateur CGT de Sanofi, la direction peaufine un plan de transfert de plusieurs usines dans la santé grand public au sein d’une structure ad hoc ».
En France, trois sites sont concernés : Compiègne (480 salariés), Lisieux (240 salariés) ainsi que la plateforme logistique d’Amilly, dans le Loiret (ci-dessus), qui emploie 150 personnes, dont une centaine de CDI. Baptisé Chloé, le programme de cantonnement de ces actifs n’est sans doute que le prélude à un futur désengagement, voire à une cession pure et simple. Comme nous l’indiquions dans notre post du 26 juin, une dizaine d’autres usines situées en Europe, mais aussi outre-Atlantique et en Asie, pourraient être concernées par ce projet. Toutefois, la direction n’a encore rien dévoilé de ses intentions en la matière, renvoyant ses annonces à la fin de l’année.
Hasard du calendrier, cette mobilisation syndicale intervient le jour même où Evotec annonce la reprise de la trentaine de salariés des fonctions support (logistique, accueil et maintenance) encore employés par Sanofi sur l’Oncopôle de Toulouse. La drug discovery allemande exploite sur ce site une plateforme de recherche rachetée en 2015 à la big pharma tricolore : elle avait, à l’époque, repris les contrats de travail de 208 salariés.